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Piste cyclable Nord-Sud : Un sondage Léger confirme les impacts significatifs pour le District Central
Au cours de la dernière année, les témoignages préoccupants entourant le premier tronçon de la piste cyclable Nord-Sud déployée dans le District Central se sont multipliés. Un sondage Léger, réalisé à la fin de l’été 2025, confirme que les impacts sur la vie du territoire n’ont rien d’anecdotique. Enjeux de logistique et de sécurité, reculs économiques ou environnementaux, pour bon nombre d’entrepreneurs du territoire, les écueils sont majeurs.

Dévoilement des résultats du sondage par Guillaume Gingras, directeur de recherche chez Léger - 15 octobre 2025
En raison de la perte de 339 espaces de stationnements — uniquement sur le tracé de la piste cyclable — et de ceux retirés au cours des dernières années en périphérie, les impacts sur l’accessibilité sont particulièrement marqués. La grande majorité des entreprises font en effet état de difficultés d’accès à leurs installations pour leurs employés (87 %), leurs clients (91 %) et leurs fournisseurs (95 %) ainsi qu’à des stationnements de proximité (96 %). « Avec l’arrivée de la piste cyclable, explique Prosper Azoulay, propriétaire de Printex Canada, commerce situé sur la rue Chabanel O. au coin de Meilleur, tous les stationnements situés à l’avant de notre commerce ont été éliminés. Les livreurs sont maintenant forcés de se stationner en double et s’exposent à des amendes. C’est la même chose pour nos clients. La nature de notre entreprise fait en sorte qu’on nous livre régulièrement des panneaux de quatre par huit pieds. Transporter des panneaux ou des boîtes à bout de bras jusqu’à un stationnement deux rues plus loin est un irritant majeur. Pour pallier, nous transportons nous-mêmes le matériel jusqu’aux véhicules de nos clients. Malgré cela, on perd de la clientèle. »
Une compétitivité et une profitabilité en baisse
Sa situation n’est pas unique. Parmi les personnes ayant répondu au sondage, 66 % estiment que la compétitivité de leur entreprise a reculé depuis l’implantation de la piste cyclable. Une proportion équivalente (65 %) signale aussi avoir subi une augmentation de leurs coûts d’exploitation et de production. Plus encore, 7 propriétaires d’entreprises sur 10 (71 %) considèrent que leur capacité de planification à moyen et à long terme est affectée.
Pour sa part, le directeur des opérations canadiennes chez Attraction, Philippe Gagnon, estime les coûts supplémentaires devant être assumés par son entreprise à environ 15 000 $ par année. « Depuis l’arrivée de la piste cyclable, les entreprises de transport avec lesquelles nous faisons affaire refusent d’envoyer leurs camions de grand gabarit chez nous, parce qu’ils ne parviennent plus à se stationner de manière sécuritaire et qu’ils accumulent les amendes. Autant la matière première que les produits finis sont transportés avec des petits camions au départ ou en direction d’un centre de distribution situé à Lachine où les grands camions que nous avions l’habitude d’utiliser peuvent aller facilement. C’est de là que se fait l’expédition finale vers nos clients et qu’est réceptionnée la matière première. » La pression sur les opérations est d’autant plus importante que le déploiement de la piste cyclable a coïncidé avec l’obtention de l’un des plus importants contrats de l’histoire de l’entreprise et qu’un ralentissement de production n’était tout simplement pas envisageable. « Le tracé a été une surprise et nous avons dû conclure des ententes en urgence, ce qui a réduit notre pouvoir de négociation. Pour une PME comme la nôtre, dont la marge bénéficiaire est très mince, la facture supplémentaire engendrée est un vrai problème. »
Un recul en matière de développement durable
L’étape de transbordement nouvellement intégrée aux opérations nuit aussi au bilan carbone de l’entreprise. « Attraction est une entreprise carboneutre. Elle compense les GES produits par une certaine partie de ses opérations. Le transbordement multiplie les camions en circulation, si bien qu’à production égale, il y a un impact sur les GES. C’est non seulement coûteux, complexe sur le plan logistique, mais nuisible pour l’environnement », résume Philippe Gagnon.
À terme, l’entreprise n’exclut pas de remettre en question sa présence dans le territoire. « Nous avons choisi le District Central il y a quatre ans pour tout l’écosystème qu’il comporte. Plusieurs de mes fournisseurs et de mes partenaires se trouvent dans un rayon de 1,5 kilomètre. En matière de développement durable, c’est formidable et ça rejoint les valeurs de notre entreprise. C’est l’une des forces du quartier, mais il viendra peut-être un moment où ce ne sera plus suffisant pour y maintenir des opérations ».
Le sentiment de sécurité dans le secteur est aussi en forte baisse. Dans l’esprit d’une majorité de répondants au sondage (69 %), le District est devenu moins sécuritaire. Plus de la moitié d’entre eux (56 %) parlent même d’une baisse très importante du sentiment de sécurité. Propser Azoulay de Printex Canada n’est pas surpris outre mesure de ces chiffres. « En raison du retrait des stationnements devant notre commerce, j’ai moi-même, dit-il, été témoin d’un véhicule d’urgence incapable d’avancer parce qu’un camion de livraison stationné en doublé bloquait la circulation. Quelqu’un, quelque part, en a subi les conséquences et ça peut nuire au sentiment de sécurité général ».
Ce discours rejoint celui d’Alec Veilleux, président de Groupe Trium, et présent sur le territoire depuis 25 ans. « Une quinzaine de camions par jour effectuent des livraisons chez nous. Les camionneurs ont maintenant tellement peur de heurter quelqu’un qu’ils refusent de se stationner sans signaleur. Même la signalisation installée pour compenser les inconvénients engendre de la confusion. C’est une question de temps avant qu’un accident grave arrive. Nous ne sommes pas contre les pistes cyclables, bien au contraire, mais il aurait fallu mieux planifier l’intégration. Nous sommes en zone industrielle, il faut en tenir compte et cela n’a pas été fait. »
Un manque de planification
L’absence de prise en compte du caractère industriel du secteur et le manque de planification ont été décriés par de nombreux répondants au sondage (80 %). Une frange presque aussi importante d’entrepreneurs, soit 85 %, juge que les impacts du tracé sur le plan logistique n’ont pas été considérés. Environ neuf personnes sur dix estiment d’ailleurs ne pas avoir été suffisamment consultées.
Même lorsqu’ils n’ont pas eu à ajuster leurs opérations, les répondants au sondage craignent un effritement du tissu social et économique du territoire. Fondateur et président-directeur général de la firme de technologies de l’information Big Bang, Gabriel Tupula, est du nombre. « Les enjeux de sécurité et d’accessibilité affectent tout le monde. Au moment où l’on veut inciter les gens à revenir au bureau, c’est loin d’être idéal. L’équation vaut aussi pour les clients. Pour être honnête, nous sommes moins portés à les inviter chez nous, peu importe leur moyen de transport. C’est autant de gens qui ne fréquentent plus les commerces du secteur. Sans vouloir être alarmiste, l’effet domino peut être énorme. Après tous les efforts mis pour revitaliser le secteur, c’est désolant. »
Des résultats robustes
Réalisé entre la mi-août et la mi-septembre 2025, le sondage a permis de rejoindre 170 entreprises, dont 120 situées sur le tracé de la piste cyclable. Le taux de réponse général est de 16,2 % et dépasse les 35 % chez les entrepreneurs directement impactés par le nouvel aménagement. Selon Guillaume Gingras, directeur de la recherche pour Léger, ces chiffres garantissent la fiabilité des résultats. « Pour ce type de démarche, dit-il, les taux de réponse observés varient généralement entre 3 % et 10 %, avec une moyenne d’environ 6 %. Le taux obtenu peut donc être considéré comme très bon, particulièrement dans la zone primaire, cœur industriel et logistique du District Central ».
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