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juillet 3, 2023
Quand revitalisation et sécurité vont de pair
Quartier emblématique de Montréal, longtemps désigné comme la Cité de la Mode, le District Central a été le témoin des principaux bouleversements sociaux et économiques qui ont marqué l’histoire du Québec et de la métropole. Après avoir subi les contrecoups de la mondialisation des marchés, le quartier s’engageait au courant des années 2000 dans un processus de revitalisation. Acteur de premier plan de cette transformation depuis 2016, la SDC District Central déploiera au cours des prochaines années de nouveaux éléments de signature territoriale. Au-delà de l’image, les interventions annoncées font de la mobilité une priorité et contribueront à construire un quartier plus sécuritaire pour tous.
Délimité par les rues Sauvé et Berri et les autoroutes 15 et 40, le District Central accueille quelque 25 000 travailleurs chaque jour, ce qui en fait le 4e pôle d’emplois en importance à Montréal. Un pôle a fort potentiel et qui pourrait accueillir quelque 40 000 personnes au cours des prochaines années. Ces gens s’ajoutent aux résidents du quartier ainsi qu’aux nombreuses personnes de passage : clients, fournisseurs ou livreurs qui alimentent par leur présence la vie économique du territoire de 3 km2. Certains y circulent en transport en commun et à pied, d’autres à vélo ou en automobile. La présence de manufactures urbaines génère aussi un certain volume de camionnage. Quoique signe de vitalité, la cohabitation de ces différents usages et publics soulève des enjeux de sécurité, particulièrement pour les piétons et les cyclistes. Des enjeux exacerbés par la configuration de l’espace et la monumentalité des édifices qui peuplent le quartier.
« Dès la première consultation auprès des intervenants économiques du secteur, la question de la sécurité a été évoquée, relate la directrice générale de la SDC District Central, Hélène Veilleux. Plusieurs employeurs disaient notamment que l’environnement pouvait être oppressant et nuisait au sentiment de sécurité général, ce qui n’était pas favorable au recrutement et à la rétention de la main-d’œuvre. » La population locale déplorait aussi l’absence d’éclairage, de trottoirs dans certaines zones ainsi que la cohabitation parfois difficile avec les véhicules, particulièrement les camions de grande taille.
Depuis, la société de développement commercial a multiplié les consultations jusqu’à tracer les contours de l’aménagement souhaité pour le secteur. Un aménagement à fort niveau d’impact, orienté sur la mixité des usages et qui offre une réponse claire et concrète aux besoins exprimés tant par les chefs d’entreprises, que les travailleurs et les résidents. Pour la directrice générale de la SDC, le plan de signature territoriale adopté en février 2023 marque en ce sens un tournant dans le processus de revitalisation du quartier. « Le plan, dit-elle, permet de passer des idées à l’action, sans sacrifier au passage ce qui fait la force du quartier depuis toujours : sa communauté ».
Architecte associé chez Zaraté Lavigne Architectes, Maxime Brosseau, compte parmi l’équipe de professionnels qui ont travaillé à l’élaboration du plan de signature. À son avis, ce sont les multiples vocations du secteur à travers les années et la configuration de l’environnement qui en a découlé qui font aujourd’hui obstacle au sentiment de sécurité général. « En raison de leur usage antérieur, des rues désormais très peu fréquentées et habitées sont très larges et peu invitantes. À l’inverse, des rues très passantes sont extrêmement étroites, ce qui augmente les difficultés en ce qui a trait à la cohabitation des modes de transport. L’absence de passage sécurisé et de parcours clairs pour les piétons pose aussi problème. »
Plus important encore selon lui, le fait que le quartier ait été moins attractif pendant un certain temps a fait en sorte que les gens ont perdu l’habitude de la cohabitation. « Si, comme automobiliste ou camionneur par exemple, je dois aller dans un quartier que je sais très fréquenté par les piétons et où les voies cyclables sont nombreuses, je serai naturellement plus à l’affût. En marquant clairement le territoire, le plan de signature élaboré viendra renverser la tendance et devrait à terme contribuer à accroître la sécurité à proprement parler. »
Créer un environnement favorable
Échelonné sur cinq ans, le plan de signature territoriale se décline en trois principaux champs d’intervention.
Le premier a trait au paysage et passe par l’aménagement de zones végétalisées ayant chacune leur particularité. Ces zones seront connectées entre elles par des chemins de traverse favorisant la mobilité et la connexion des résidents. Elles proposeront aussi des espaces de détente utilisables quatre saisons. « Même si elles seront temporaires, ces interventions, explique Maxime Brosseau, viendront changer les perceptions sur le District Central et briser l’image de territoire industriel longtemps associée au quartier. Elles amélioreront l’expérience pour les gens qui vivent et circulent sur le territoire en plus de favoriser l’appropriation de l’espace. Surtout, elles permettront la construction de parcours sécuritaires qui s’inscriront dans les habitudes. »
Le second s’incarnera à travers l’installation de mobilier urbain fixe et mobile, adapté aux conditions hivernales et déployé sur l’ensemble des secteurs selon les années et les saisons. Pour l’architecte-conseil, « outre le fait d’animer le quartier, l’intégration ponctuelle de bancs, de tables et de kiosque dans les lieux hautement fréquentés par les travailleurs, les résidents et les visiteurs, parfois même dans la rue, forcera un changement de comportement, dont un certain ralentissement de la vitesse de circulation, identifiée comme un problème dans certains secteurs. Quand, comme conducteur, je sais qu’il est possible que du mobilier ait été ajouté et qu’en plus, il change de place selon les périodes de l’année, j’ajuste naturellement ma manière de conduire. »
Le troisième et dernier champ d’intervention passera par la signalétique. Il se caractérisera entre autres par le marquage au sol dans un premier temps pour relier les zones végétalisées entre elles, mais aussi pour souligner les liens urbains souhaités dans le futur plan d’urbanisme. Il viendra également mettre en valeur certains artefacts industriels, témoins de l’histoire du quartier, et les infrastructures actuelles, notamment sur le plan ferroviaire. Des panneaux seront aussi utilisés pour renseigner les résidents, les commerçants et les passants sur les zones d’intérêt et les diriger d’un secteur à l’autre.
Du point de vue de Maxime Brosseau, de toutes les interventions prévues au plan, la signalétique est probablement la plus structurante en ce qui a trait à la sécurité. « Elle permettra non seulement, dit-il, de se repérer dans l’environnement, mais aussi de repérer facilement les infrastructures importantes et le chemin à prendre pour s’y rendre, contribuant du même fait au sentiment général de sécurité. Elle fera aussi en sorte que comme conducteur je saurai tout de suite que j’entre dans une zone vivante, où je dois être plus attentif. »
Miser sur les bonnes pratiques
Chargée de projet en transport durable chez MOBA, Myriam Goulet abonde dans le même sens. « Selon l’usage qui en est fait, les éléments de signalétique permettent de distinguer les zones entre elles, ce qui contribue au sentiment de sécurité général. En balisant des parcours par exemple, non seulement on facilite la vie de beaucoup de gens, mais on établit des habitudes. On favorise une prise de conscience des autres usagers et une adaptation des comportements en conséquence. »
L’intégration de mobilier urbain prévu dans le plan de signature du District Central figure aussi au nombre des bonnes pratiques, selon la chargée de projet. Cette mesure, dit-elle, est reconnue pour contribuer au respect des limites de vitesse, particulièrement sur les voies rétrécies. « Sur le plan de la sécurité, insiste Myriam Goulet, un bon aménagement doit maintenir un certain équilibre en évitant de trop ségréger les usages. On doit plutôt chercher à faciliter la cohabitation et à prendre en compte les besoins de tout le monde. »
Quels que soient les objectifs poursuivis, de l’avis de Myriam Goulet, il est important de ne jamais perdre de vue que les changements véritables prennent du temps. « Amener les gens à modifier leur manière de conduire ou de se déplacer sur un territoire ne peut pas se faire du jour au lendemain. Ce type de changement se réalise en plusieurs phases. Si l’on souhaite accélérer les choses, il faut faire en sorte que le positif fasse contrepoids au négatif. Autrement dit, que tout le monde y trouve son compte de manière évidente. C’est l’essence même d’un aménagement cohérent et sécuritaire pour tous. »
Pour Hélène Veilleux, c’est exactement dans cet esprit que s’inscrit le plan de signature territoriale adopté. « En matière d’aménagement et de mobilité, la position de la SDC est la même depuis le début. Toutes nos interventions s’inscrivent dans un esprit de cohabitation harmonieuse entre les différents usages et les différents modes de déplacement que ce soit en auto, à pied ou à vélo. Le plan de signature n’y fait pas exception. Il vise à améliorer l’expérience de toutes les personnes qui fréquentent le quartier et qui y vivent. En partant de là, nous espérons pouvoir essaimer, et oui bien sûr faire connaître le District Central au plus grand nombre de gens possible, mais surtout contribuer au bien commun. »
Ecrit par Guylaine Boucher, rédactrice et associée chez Agence Médiapresse inc.
Rédactrice établie, Guylaine Boucher cumule plus de 25 ans de métier. Reconnue pour son aisance à comprendre et à vulgariser les enjeux les plus complexes, au cours des dernières années, elle s’est intéressée à des sujets aussi variés que le développement durable, les soins infirmiers et les services policiers.
Cet article a été publié par L’Association Québecoise des Transport dans la revue Routes et Transports, Volume 52, No.1, Printemps-2023.
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