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juin 19, 2019
Perle d’ici | Bois Urbain : l’essence de l’insertion
Entreprise incontournable en insertion socio-professionnelle au Québec pour l’ébénisterie, Bois Urbain accueille chaque année une centaine de personnes dans ses locaux de la rue Meilleur, dont beaucoup de jeunes décrocheurs. À l’avenir, cette PME en pleine croissance aimerait aussi proposer un programme de francisation spécifique aux nouveaux arrivants.
C’est l’histoire d’une reconversion réussie. À l’origine fournisseur de meubles et d’électro-ménagers usagés pour des personnes défavorisées, Bois Urbain a changé son fusil d’épaule pour investir le créneau de l’insertion socio-professionnelle en ébénisterie, un secteur, parmi d’autres, où le besoin de main d’œuvre est important au Québec. Chaque année, une centaine de personnes poussent la porte de cette PME de 14 salariés permanents implantée depuis 1994 dans le quartier du District Central. La plupart se tournent vers l’ébénisterie et la finition, deux des formations, avec la manutention et le service à la clientèle (toutes reconnues par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur), offertes par cette entreprise subventionnée par Emploi Québec, qui finance l’intégralité des salaires versés aux participants.
Il y a parmi eux beaucoup de jeunes en situation de décrochage scolaire, qui viennent chercher une seconde chance et bénéficient d’un encadrement professionnel et personnalisé pour intégrer le marché du travail, ou les aider à retrouver le chemin des études. «Notre objectif premier n’est pas forcément de les garder ici et d’en faire des ébénistes. Ce que l’on cherche avant tout, c’est de les faire avancer dans la société et travailler sur eux-mêmes», précise à cet effet Olivier Lalonde, qui a roulé sa bosse dans la philanthropie avant de devenir directeur général, en janvier 2018, de cet organisme à but non lucratif en pleine croissance, qui table sur 1,8 millions de dollars de ventes l’an prochain.
PRODUCTION EN SÉRIE
Les bras ne chôment dans l’imposant bâtiment de la rue Meilleur, qui s’est refait une beauté fin 2017, à l’image de sa façade, dont le contraste avec les bâtiments alentours saute aux yeux. Trente-quatre mille pieds carrés de surface qui abritent des bureaux, mais aussi des ateliers où sont transformées différences essences de bois, pour l’essentiel issues du Québec (comme l’érable ou le merisier), en privilégiant celles qui ne sont pas toxiques pour l’environnement, un sujet sensible dans le contexte climatique que l’on connaît.
Les pièces et accessoires réalisés sur place répondent à des commandes essentiellement canadiennes, pour des projets commerciaux et industriels, mais également résidentiels dans une moindre mesure. «On fournit beaucoup de compagnies avec des séries récurrentes», précise Olivier Lalonde, en citant l’exemple d’Altex – dont le siège est situé à Terrebonne – un de leurs bons clients, qui fait appel à leurs services pour fabriquer l’ensemble des présentoirs de leurs magasins en Amérique du Nord. Si les cadences n’ont rien à voir avec les gros acteurs du marché, Bois Urbain parvient toutefois à tirer son épingle du jeu. «On est en mesure de concurrencer un ébéniste industriel standard, dans le créneau qui est le nôtre… »
Un espace est également dédié à la restauration de meubles, tandis qu’un autre – ce qui est relativement nouveau – a été transformé en showroom où Bois Urbain expose son expertise en matière de cuisine, avec la possibilité, pour les professionnels comme les particuliers, de rencontrer un(e) designer sur place pour donner corps à un projet sur-mesure.
PROGRAMME DE FRANCISATION
La visite de Bois Urbain réserve parfois des surprises. C’est le cas au 4e étage, où apparaît un entrepôt dans lequel quelques vestiges de l’ancienne boutique Bois Urbain ont l’air d’attendre un éventuel acquéreur. Une partie de cet espace volumineux pourrait à l’avenir servir de laboratoire visant à faciliter l’intégration des nouveaux arrivants, qui représentent une grosse part de la clientèle en apprentissage de Bois Urbain. Ce projet, bien avancé aux dires d’Olivier Lalonde, qui se heurte pour le moment à un manque de financement, se matérialiserait par la mise en place de classes de francisation complémentaires aux formations dispensées par l’OBNL. Ce programme, présenté comme une priorité par la direction, aurait vocation à enseigner le vocabulaire en lien direct avec l’industrie manufacturière, et ainsi permettre aux bénéficiaires d’être opérationnels sur le terrain en maîtrisant les bases de ce jargon, «le langage de la shop», comme le dit si bien Olivier Lalonde.
Bois Urbain planche également sur un projet de plateforme e-learning pour favoriser l’acquisition de ce langage spécifique de manière interactive et ludique. Un support qu’elle pourrait mettre à disposition d’autres entreprises d’insertion ou du milieu manufacturier, sans pour autant se substituer aux organismes spécialisés dans l’apprentissage de la langue de Molière. «Notre objectif n’est pas d’en faire de très bons francophones. On veut simplement éviter que le français devienne un rempart à leur employabilité. »Un défi, mais en aucun cas une utopie.
Bon à savoir
Il arrive que Bois Urbain organise des portes ouvertes le mercredi. Ces séances d’information, d’une heure et demie environ, incluant une visite des lieux, permettent d’en savoir plus sur le fonctionnement de l’organisme et les débouchés professionnels offerts par les formations, étalées sur 6 mois et assorties d’un stage de 15 jours en entreprise. À l’issue de la visite, les personnes intéressées peuvent passer une entrevue sur place.
Écrit par Olivier Pierson
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