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mai 6, 2020
Marie-Chloé Duval: la peinture plus forte que la criminologie
La trajectoire de Marie-Chloé Duval est tout sauf rectiligne. En 2016, elle décidait de se consacrer à la peinture… après avoir décroché une maîtrise en criminologie. Elle en a fait son métier, qu’elle exerce et alimente avec passion dans son atelier de la rue Louvain Ouest. Une portion du District Central où elle se sent comme un poisson dans l’eau.
L’histoire de Marie-Chloé Duval, c’est celle d’une fille qui change de trajectoire en découvrant sa véritable nature. Le feu de la passion couvait et ne demandait qu’une étincelle pour la consumer. L’incendie s’est déclaré au mitan des années 2010. Pour la native du Bas-Saint-Laurent passée par le cégep de Rivière-du-Loup, le scénario semblait pourtant figé, écrit à l’encre indélébile : enseignante à l’université. Mais une fois sa maîtrise en criminologie en poche, tout a basculé. Son plan de match s’est délité; exit sa vocation première. « Avant de me lancer dans une carrière académique, j’ai voulu prendre une année pour essayer autre chose. Je n’avais pas d’idée précise en tête. J’ai même passé une entrevue pour devenir éboueuse… » C’est durant cette parenthèse sabbatique qu’elle s’est mise à peindre et n’a plus jamais lâché ses pinceaux. Les planètes s’étaient alignées. Son âme d’artiste, qui s’épanchait si souvent dans ses agendas scolaires, venait d’éclore pour de bon. Le Symposium de peinture du Kamouraska ne fera que confirmer l’évidence. Pour sa première participation, en juillet 2016, Marie-Chloé Duval y récoltera récompenses [dont le Coup de cœur du public] et commentaires laudatifs. Son premier tableau vendu? Elle s’en souvient encore. « J’avais chargé 300 dollars, avec l’impression d’avoir volé la personne qui me l’avait acheté. Je n’étais vraiment pas à l’aise avec les prix, c’était nouveau pour moi. »
L’humain en filigrane
L’univers de Marie-Chloé navigue entre figuratif et abstrait, avec une prédilection pour le noir et blanc, qui semble avoir déteint sur ses tenues vestimentaires, dont la monochromie jure avec sa personnalité colorée. L’humain tient une place prépondérante dans son travail, même lorsqu’il n’apparaît pas sur ses toiles. La peinture de paysages ou de lieux est à ce titre très importante et symbolique à ses yeux, car elle lui permet de s’interroger sur le rapport que nous entretenons avec l’environnement, et l’impact qu’il peut avoir sur nos vies. Dans son conciliabule avec l’art, l’artiste visuelle aime varier les matériaux, comme les supports. L’acrylique cohabite avec l’encre de chine, le graphite, ou plus récemment la broderie, qu’elle intègre subtilement à ses œuvres.
En osmose avec le District Central
Aujourd’hui, Marie-Chloé a la chance de vivre de sa passion. Elle a quitté son Bas-Saint-Laurent natal pour s’installer à Montréal, nouvelle strate dans son émancipation de femme et d’artiste. En juin dernier, elle délaissait son atelier du Plateau Mont-Royal pour emménager dans un espace plus conforme à ses besoins. « Je cherchais un lieu pas trop cher, spacieux et qui me procurait un bon feeling. » Le coup de foudre a eu lieu dans le District Central, rue Louvain Ouest, à proximité de l’emblématique rue Chabanel. À l’entendre, la native de Saint-Pascal-de-Kamouraska s’y sent comme un poisson dans l’eau. Elle n’a que de bons mots pour sa propriétaire, le cachet industriel de la bâtisse et la lumière généreuse qui inonde son capharnaüm. Elle se dit heureuse d’avoir posé ses chevalets dans un quartier dont la renaissance stimule sa créativité, elle qui rêve de voir un jour ses tableaux exposés dans un musée.
Plus d’une corde à son arc
Depuis 2016, l’agenda de Marie-Chloé s’est bien rempli. En 4 ans, elle a accumulé de l’expérience et semé des expositions au Canada et aux États-Unis. Des galeries ont aussi accueilli ses œuvres, comme à Montréal et Toronto. Toujours prête à explorer de nouveaux horizons pour stimuler et nourrir sa fibre créative, la jeune femme prend plaisir à déborder du cadre où certains se laissent parfois enfermés. C’est pour enrichir ses connaissances qu’elle est allée, par exemple, suivre un cours sur la peinture à l’huile à Vancouver, où elle en a profité pour parfaire sa technique au contact d’un mentor. Elle s’est aussi inscrite à un autre cours, en beaux-arts, à Concordia, et a planifié une résidence en Grèce dans les prochaines années, après la Finlande l’an passé. On lui doit aussi la couverture du roman Halifax Express, paru aux Éditions Alire (sous la plume de Lionel Noël), ou encore les dessins qui habillent les bouteilles de La Grande Hermine, un pastis québécois élaboré par la distillerie Fils du Roy, présente dans le Bas-Saint-Laurent.
L’art à portée de tous
Dans un contexte chamboulé par l’apparition du coronavirus, Marie-Chloé a dû reporter la plupart de ses projets prévus cette année, comme par exemple celui avec L’Atelier Balance, un centre de yoga de la rue Chabanel, qui a pour objectif de mêler méditation et création. Pas de quoi entamer sa volonté farouche de rendre l’art accessible au plus grand nombre. Cela passera notamment par des ateliers créatifs, qu’elle a hâte de reprendre, où elle sollicite la fibre artistique de ses élèves, jeunes ou moins jeunes. Elle pourrait d’ailleurs proposer cette expérience à des personnes vivant ou travaillant dans le District Central. Une idée qui allume son regard. L’avenir apportera la réponse.
Pour en savoir plus sur son travail et accéder à ses œuvres, vous pouvez vous rendre sur son nouveau site web:
Écrit par Olivier Pierson
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