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mars 8, 2021

Big Bloc ou la passion des champignons

Installée depuis 2019 dans les locaux de la Centrale Agricole à Montréal, l’atelier Big Bloc est un des exemples de cette agriculture urbaine qui s’émancipe dans le District Central. La compagnie, qui vient de quadrupler sa surface de production, entend à l’avenir mettre l’accent sur la formation, dans un domaine – la culture des champignons – qui souffre encore d’un manque de communication et de visibilité.

 

Producteur, ça ne s’improvise pas! Demandez donc à Virginie Boivin-Jodoin et Gabriel Vallée, qui ont fondé la compagnie Big Bloc, consacrée à la production de champignons gastronomiques. Une production exigeante, sans temps mort, soumis à des règles sanitaires strictes, où la maintenance et le nettoyage des équipements représentent une part non négligeable du travail.

 

 

Pour ce couple issu de la restauration, il a fallu apprivoiser chaque aspect de l’entrepreneuriat, de la comptabilité à la production, en passant par l’installation de matériel ad hoc. Pourquoi le champignon? « Parce que c’est bon et extrêmement attirant! », répond Virginie du tac au tac. Avant de se lancer en affaires, elle et son compagnon ne boudaient pas leur plaisir lorsqu’il s’agissait d’aller en cueillir et de reconnaître les espèces. Jusqu’à ce jour où ils ont décidé d’en faire leur métier. Aujourd’hui, Big Bloc fait affaire avec des restaurateurs, des particuliers, mais aussi des distributeurs, comme dans l’arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie, où l’on peut se procurer ses champignons [différentes variétés de pleurotes, pholiotes et hydnes] dans des épiceries fines comme Le Point de Rosée et Chez Clémentine. Les invendus servent à fabriquer des épices notamment. Car le déchet n’est pas à l’ordre du jour dans cette petite entreprise bien décidée à développer sa gamme de produits transformés.

 

Vaincre les idées reçues

 

Lorsqu’ils ont décidé de se lancer dans cette nouvelle aventure, c’est d’abord au sein de leur domicile qu’ils ont découvert les rudiments du métier. « On a appris sur le tas, petit à petit. » À écouter la co-gérante, la précipitation n’est pas un gage de sureté.  « On veut y aller une étape à la fois, en privilégiant le contact avec la clientèle. » En 2018, la consommation de leur production se limitait à leurs amis, ainsi qu’à eux-mêmes. Un an plus tard, ils s’installaient dans le District Central, après avoir été contactés par Jean-Philippe Vermette, directeur de la Centrale Agricole, où d’autres fermes urbaines ont établi leurs quartiers. Un appel qui tenait presque de la providence, tant il a été difficile pour eux de trouver un local. « Ça été compliqué, ça nous a pris des mois », reconnaît Virginie. Le plus dur aura été de convaincre les propriétaires immobiliers, souvent réticents à l’idée d’accueillir des producteurs de champignons. Virginie Boivin-Jodoin ne leur jette pas la pierre, mettant leur refus sur le dos de la méconnaissance et autres préjugés sur une culture qui souffre d’un manque de visibilité, mais aussi d’accompagnement et de soutien financier, et reste mystérieuse aux yeux de beaucoup. « Quand on dit qu’on va produire des champignons, les gens imaginent que cela va pousser dans les murs. On pense moisissures, odeurs et risque pour la santé. »

 

Privilégier aussi la formation

 

Depuis plusieurs semaines, le tandem de Big Bloc s’attèle à la transformation de son atelier, qui inclut une serre et un laboratoire, où ils produisent notamment du mycélium de haute qualité et des blocs de semence. « Nous avons quadruplé notre superficie, ce qui nous a permis de faire passer notre production de 50 kilos à 200 kilos de champignons par semaine », souligne Virginie en précisant leur souhait de rester une entreprise à taille humaine. Grâce à un modèle d’affaires assez souple, qui lui a permis de s’acclimater au contexte tendu de la COVID, Big Bloc a pu continuer à fournir ses clients, dont quelques gros acheteurs.

 

 

À l’avenir, l’entreprise veut mettre l’emphase sur le volet formation, qui se limite pour le moment à un partenariat avec l’organisme Sentier urbain. Les particuliers devront quant à eux patienter un peu. Mais leur heure viendra, promet Virginie Boivin-Jodoin, très motivée à l’idée de partager son expérience et communiquer sur sa passion, jusque dans les écoles. Une autre piste que Big Bloc envisage d’explorer.

Article écrit par Olivier Pierson

 

Si vous désirez en savoir plus sur les initiatives en agriculture urbaine au District Central découvrez notre documentaire sur le sujet :

 

 

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