L’histoire de notre quartier
L’antre des tramways
Le portrait change radicalement avec l’avènement de l’ère industrielle. L’urbanisation est en marche et le territoire que couvre l’actuel quartier du DC n’échappe pas à cet élan. Plusieurs industries d’intérêt s’y installent et contribuent à l’essor économique de Montréal. Les Ateliers Youville font partie de ces acteurs incontournables. Construits en 1907 entre le boulevard Crémazie et la rue Louvain, ils assurent l’entretien de la flotte de la compagnie des tramways (l’ancêtre de la STM). Au plus fort de leur activité, ce sont 300 personnes qui s’activent entre leurs murs. Durant l’âge d’or de ce mode de transport (la décennie des années 20), plus de 900 de ces véhicules circulent sur le territoire montréalais et transportent plus de 200 millions de passagers chaque année.
471, CRÉMAZIE EST
(ANNÉES 30-40)
STATION DE TAXI
AU DISTRICT CENTRAL
AUTOROUTE MÉTROPOLITAINE
EN CONSTRUCTION
Une contribution militaire
Leur vocation change avec l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Les ateliers sont alors démolis et reconvertis pour fabriquer des obus. Ils subiront une nouvelle métamorphose bien plus tard, en 1963, pour retrouver leur mission d’origine, destinés cette fois à l’entretien des voitures de métro de la STM (Société de transport de Montréal).
Une autre entreprise voit son destin lié à l’effort de guerre : la Montreal Works. Elle apparaît non loin de la rue Chabanel, en 1942. On y fabrique des cartouches pour les fusils mitrailleurs Sten, destinés aux soldats britanniques engagés sur le front de la Seconde Guerre mondiale. Jusqu’en 1945, elle emploiera près de 9 000 ouvrières, qui fabriqueront également des munitions pour une usine implantée à Verdun. Ce bel exemple du patrimoine industriel militaire disparaitra du paysage en 2016.
L’USINE D’ARMEMENT «MONTREAL WORKS» AU COIN DE LOUVAIN OUEST ET DE L’ESPLANADE
L’épicentre de la mode
Dans les années 50–60, une nouvelle mutation s’amorce. Le secteur devient la place attitrée des maraîchers, qui ont quitté le Marché Bonsecours, dans le Vieux-Montréal, devenu trop étroit pour leurs activités. Ils posent leurs fruits et leurs légumes dans ce qui deviendra un pôle commercial majeur au Canada : le Marché Central. Situé à l’intersection des autoroutes 15 et 40, ce mastodonte abritant des commerces divers et variés rappelle l’ADN agricole des lieux autrefois.
Le textile prend lui aussi racine dans le District Central, après avoir fait vibrer les abords du Canal Lachine dans les années 1850, puis le quartier Hochelaga. Durant 20 ans, ce secteur connaît une forte croissance. Entre les emblématiques rue Chabanel et boulevard Saint-Laurent, le travail ne manque pas. Les manufactures tournent à plein régime, contribuant à changer la dimension et l’image de l’endroit. On parle même officiellement de Cité de la Mode en désignant ce quartier industriel autre-fois surnommé le « bout de la guenille », qui participe au rayonnement de la ville aux 100 clochers. En 1982, le secteur du textile représente 30 % des emplois directs du secteur manufacturier dans la métropole.
Déclin et renaissance
Les choses se gâtent dans les années 90 avec l’ouverture aux marchés internationaux, notamment la Chine. Cette nouvelle concurrence frappe de plein fouet le quartier, qui périclite. Il faudra attendre les années 2000 pour qu’il reprenne des couleurs, sous l’impulsion notamment des pouvoirs publics, des partenaires privés et des propriétaires immobiliers qui ont conjugués leurs efforts pour amorcer une revitalisation à laquelle la Société de développement commercial apporte sa contribution depuis 2016. Pour la première fois de son histoire le quartier possède un organisme neutre et structuré qui travaille à la revitalisation du quartier.
Désormais engagé sur une nouvelle voie, ce périmètre riche de quelque 2 100 entreprises a commencé à écrire une nouvelle page de sa riche histoire. Si le textile a toujours son mot à dire, les nouvelles technologies, le design et les manufactures urbaines colorent également ce milieu à nouveau attractif. Ses nombreux locaux vacants, la qualité et la robustesse de ses infrastructures, ses loyers abordables ou encore son accès facilité aux transports en commun et aux autoroutes, figurent au chapitre de ses atouts. Et il compte bien en profiter pour faire à nouveau parler de lui.