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décembre 5, 2025
Redessiner la ville : le pari du District Central
Parc d’activités, demain. C’est le thème qui a réuni, le 2 décembre, les acteurs économiques de la Région Bretagne. À cette occasion, Hélène Veilleux, directrice générale de la SDC District Central à Montréal, a partagé la vision d’un quartier manufacturier qui se transforme en laboratoire urbain où densité et mixité des usages deviennent des leviers pour bâtir une ville durable. Une ambition qui ouvre des perspectives… mais qui exige audace et anticipation.
Hélène Veilleux lors de sa présentation en ligne aux acteurs économiques de Région Bretagne.
Un territoire industriel qui se réinvente
Au centre-nord de Montréal, le District Central porte les cicatrices de son passé industriel : deux voies ferrées qui le traversent, deux autoroutes qui l’encadrent. Ces infrastructures, longtemps synonymes de cloisonnement, sont aussi des atouts historiques pour la logistique. Car ici, tout est pensé pour la production : 3 km², 25 millions de pieds carrés de bâti robuste, 360 propriétaires privés. Un territoire dense, abordable, doté d’un savoir-faire manufacturier unique. Et dans le secteur Chabanel, des immeubles de 15 étages rappellent que la densité verticale n’est pas une utopie, mais une réalité à exploiter.
Bâtiments sur la rue Chabanel Ouest
Transformer sans effacer : le défi de la mixité
Comment faire évoluer sans dénaturer ? La question résume l’enjeu. Dans le secteur Sauvé du District, des bâtiments d’un seul étage accueillent ateliers de fabrication, bureaux et commerces. Ces typologies offrent un potentiel rare pour densifier et diversifier les usages, notamment par des projets de surélévation, tout en préservant l’identité du quartier. Le Centre d’art Battat, en construction, illustre cette approche : une ancienne maçonnerie réhabilitée en lieu de création artistique, surélevée de deux à quatre étages, et conçue selon les principes d’une architecture durable et carboneutre. À quelques rues, une ruelle bientôt aménagée deviendra un espace partagé, symbole d’une transformation qui mise sur la convivialité autant que sur l’efficacité.
Le Centre d’art Battat en construction au 333, rue Port-Royal O.
Circuit court : l’ADN du quartier
Le District Central n’est pas qu’un terrain d’expérimentation : c’est un écosystème en action. Le pôle de l’agriculture urbaine en est un exemple. Parmi les projets phares : La Centrale agricole, plus grand hub d’agriculture urbaine au Québec, regroupe plus de 20 entreprises dans un ancien bâtiment industriel. Les Fermes Lufa, pionnières mondiales avec la première serre commerciale sur toit, implantée en 2010. Ferme GUSH, qui cultive des fraises sans pesticide en agriculture verticale. Tricycle, Tulsi Farm, Opercule, qui misent sur l’élevage d’insectes, les micropousses et l’aquaponie pour réduire l’empreinte écologique. Ces initiatives démontrent que l’intensification ne se résume pas à la densité physique : elle crée des synergies entre production, commerce et innovation.
Tricycle – Élevage de ténébrions
Ferme GUSH
Crédit photo : courtoisie
Ce dynamisme repose sur une économie de proximité et un modèle fort : le commerçant industriel, qui combine production et vente directe. Un autre exemple est celui de Matelas Sélection, fabricant montréalais qui s’approvisionne chez Tonitex au coin de la rue pour les textiles, chez Canzip à quelques minutes de là pour les fermetures éclair. Pour la pause-café, l’équipe se rend chez son voisin Terra Café. En retour, plusieurs clients du secteur artistique établis dans le quartier s’approvisionnent directement auprès d’eux Plus de 70 % de ses fournisseurs sont à quelques kilomètres. Ce circuit court illustre une logique simple : rapprocher production et consommation pour renforcer la résilience.
Exemple de circuit court de Matelas Sélection
Des défis bien réels : cohabitation et logistique
Intensifier les usages dans un quartier industriel dense soulève des enjeux complexes : cohabitation des camions lourds ou semi-remorques avec les cyclistes et piétons, logistique urbaine, transition écologique. L’implantation précipitée d’une piste cyclable en 2024, sans consultation, en est un exemple frappant : congestion, livraisons bloquées, baisse du chiffre d’affaires… et une perte de confiance envers l’administration. Une situation qui rappelle l’importance d’une planification concertée et d’un dialogue continu pour éviter que la mobilité durable souhaitée ne devienne un obstacle à la vitalité économique et un sujet de division.
Vers une mixité inclusive et concertée
La mixité s’accroît avec des projets résidentiels comme ANIMA, qui comptera 1 200 logements intégrés à des commerces et espaces communautaires. Et au cœur du quartier, un terrain vacant de 60 000 mètres carrés fait l’objet du concours international C40 – Réinventer Montréal. En attendant, des occupations temporaires comme l’Esplanade Louvain et La Prairie Louvain (champ de fleurs de 18 000 pi²) créent des espaces de rencontre et d’appropriation citoyenne. Ces initiatives sont plus qu’éphémères : elles préparent le terrain pour un développement durable et illustrent la stratégie de la SDC pour tester des usages hybrides avant de les pérenniser.
Terrain vacant 150 Louvain Ouest de 60 000 pieds carrés
La Prairie Louvain
Une communauté mobilisée pour co-construire
La transformation du District Central n’est pas imposée : elle est co-construite. Charrette d’idéation (2021), charte éthique économique en cours pour prévenir la gentrification… Les entreprises qui choisissent ce quartier s’inscrivent dans cette démarche. « L’innovation naît du dialogue », souligne la SDC, qui agit comme catalyseur pour faire du District Central une zone d’innovation métropolitaine où la densité et la mixité génèrent des synergies durables.
Atelier de codesign à La Prairie Louvain
Une stratégie humaine avant tout
Intensifier les usages, ce n’est pas empiler des mètres carrés : c’est rapprocher les acteurs, préserver la diversité et créer des synergies pour bâtir des quartiers résilients, inclusifs et prospères. Le District Central prouve qu’il est possible de générer plus de valeur sans étalement, en misant sur une approche concertée où l’humain reste au cœur.
Ruelle L’Oasis, interstice aménagée entre deux bâtiments de la rue Chabanel O.
En terminant, Hélène Veilleux a partagé aux développeuses et développeurs économiques de la Région Bretagne ces pistes d’action inspirantes :
- Miser sur la densité verticale et optimiser le cadre bâti
- Faire un véritable exercice de logistique urbaine
- Tester des usages hybrides avant de les pérenniser
- Valoriser les espaces vacants comme leviers d’innovation
- Miser sur des industries qui s’inscrivent dans une économie de solution comme l’agriculture urbaine pour la souveraineté alimentaire et la production locale;
- Et surtout, mobiliser et co-créer avec les acteurs locaux
« Le retour d’expériences du District Central est très inspirant pour les territoires bretons. Malgré la différence d’échelle entre Montréal et les intercommunalités bretonnes membres du réseau des développeurs, les explorations faites par les acteurs économiques du District Central constituent de notre point de vue un concentré d’usages innovants permettant de concilier intensification des espaces, déploiement d’activités productives, le tout avec une approche durable. Le rôle de catalyseur de projets exercé par l’équipe de la SDC District Central est également un exemple à suivre pour améliorer l’animation économique de nos territoires bretons. » — Pierre-Yves Lefebvre, chargé de développement territorial économie, Région Bretagne
« En tant que dirigeant de PALME, je peux dire que la démarche de la SDC illustre des éléments de réponse que l’on peut apporter aux différentes problématiques au sein du réseau PALME : réutilisation des espaces, durabilité, multi-activités lorsque cela s’y prête, le tout sur la base d’une gouvernance claire et d’un dialogue territorial constant. Penser le parc d’activités de demain ne signifie pas faire table rase du passé, mais l’utiliser, s’en inspirer pour construire des espaces viables, vivables, désirables même. Le projet porté par la SDC District Central en est une excellente démonstration. » — Marc De Nale, directeur général de PALME
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